Avant toute chose, il faut bien identifier un opposant. A ce titre, la Sociodynamique nous met en garde contre la confusion qui existe parfois entre l'antagonisme (le fait d'exprimer une position personnelle avec plus ou moins de force) et l'opposition (le fait d'agir dans le but de faire échouer le projet proposé). C'est pourquoi un travail de prise de hauteur, avec la carte des partenaires par exemple, est nécessaire pour bien identifier ses opposants.

Edward Snowden, célèbre lanceur d'alerte, est-il un opposant ? De qui ? Des services secrets américains ? Sans doute. Mais de la société américaine ? Des libertés ? A voir. La notion d'opposant est délicate et demande de la méthode pour éviter des erreurs lourdes de conséquences.

Les nuisances de l'opposant

Un opposant a trois domaines de nuisance dont il faut avoir conscience et pour lesquels il faut trouver des parades :

  • La mauvaise influence sur le groupe : l'objectif d'un opposant est de convaincre, de rallier le maximum de personnes à    
        sa cause. En cela, il joue lui aussi sa propre stratégie des alliés consistant à fédérer le groupe des opposants et à faire
        basculer le maximum d'hésitants. 

Greenpeace est l'opposant n°1 des lobbys nucléaires. L'ONG cherche délibérément à influencer la société civile contre le projet de développer et même de garder du nucléaire dans le monde.

  • La perte de temps : un opposant n'est jamais à court d'arguments et de contre-arguments pour justifier sa position. Il
        est donc fréquent qu'un manager se retrouve à passer une majorité de son temps (au quotidien, lors d'une réunion) à
       répondre ou à anticiper les résistances des opposants, au détriment des autres, et pour une efficacité souvent nulle      
        (l'opposant ne pouvant être convaincu par vous que votre projet est bon).

L'opposition à Notre Dame des Landes est clairement dans une stratégie de perte de temps pour fatiguer les alliés modérés du projet et isoler les alliés les plus forts.

  • La déstabilisation : l'opposant, par ses transgressions (quitter la réunion en claquant la porte, s'arrêter de travailler ou interrompre votre présentation), brise les règles que vous ou l'entreprise avez mises en place. Pas facile d'agir sans aller à la confrontation brutale, et pourtant si vous ne sanctionnez pas, cela peut montrer le manque de solidité de votre leadership ou les impostures du système. 

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Les bonnets rouge ont complètement détourné le projet : en partant d'un débat écologique dont l'écotaxe était la mesure phare, ils ont cherché à se présenter comme une victime de la politique centralisée parisienne contre la Bretagne périphérique…

 

Les parades possibles :

Les stratégies indirectes

La première des priorités est d'économiser, par tous les moyens, le temps que vous passez à vous occuper des opposants. Avant d'être une méthode, c'est un choix. Vous devez lutter contre le syndrome de la pie, qui est attirée par ce qui brille, précieux ou pas. Ce qui attire votre attention en tant que manager, c'est la force argumentative et la réactivité de vos opposants. Ecourter vos réponses, éviter de bloquer votre regard sur eux pendant vos présentations, demander l'avis de la majorité silencieuse, etc. Tout cela est une décision, une hygiène qui contrarie l'envie naturelle de se confronter.

Comme nous le dit la stratégie des alliés, la meilleure façon de vous occuper de vos opposants est de vous occuper des autres. Ayez l'impression que, même en partant du principe qu'un opposant pourrait changer d'avis (ce que nous ne croyons pas), vous êtes le moins bien placé pour le convaincre. Utilisez vos alliés.

Asterix chez Cléopatre est un modèle de stratégie indirecte : Asterix ne cherche jamais à neutraliser Amonbofis et Tournevis, mais continue vaille que vaille à construire le palais. Résultat les opposants perturbent mais le projet avance et finit par se faire.

 

Le cordon sanitaire

Pour agir de manière structurelle sur vos opposants, vous pouvez utiliser la tactique du “cordon sanitaire”, consistant à isoler vos opposants. A plusieurs niveaux possibles :

- Isolement physique : isoler votre opposant ou les rassembler (s'ils sont plusieurs) dans un lieu géographique le plus isolé possible du reste de l'équipe.

- Isolement métier : missionner vos opposants avec des sujets qui limitent au maximum les interactions avec vos équipiers. Essayer de trouver des missions techniques et de trouver une mission qui l'éloigne de votre projet et qui utilise le plus possible sa propre expertise. 

- Isolement d'animation : plutôt que d'animer votre projet par des réunions plénières, privilégier des petits groupes. Conserver des moments plénières quand vous savez que les opposants ne seront pas là pour la polluer. Tout le monde s'en rendra compte ? Très bien, vous renforcerez ainsi le camp des alliés du projet. 

Le recadrage

Si l'opposant enfreint ouvertement les règles, le recadrage s'impose. Evidemment, il y a des règles à respecter pour ne pas faire de votre opposant un martyr. Ce que vous devez avoir en tête, c'est non pas l'effet sur l'opposant lui-même mais la façon dont cela sera perçu par le reste du groupe.

L'exclusion de l'équipe de France de Samir Nasri par Didier Deschamps est d'abord un message passé aux autres sur les comportements jugés inacceptables.

 

Les astuces d'animation

Beaucoup de problèmes peuvent être évités par une bonne anticipation et une bonne préparation des moments d'animation de votre projet. 

Si vous savez qu'une réunion pourrait être polluée par des opposants, quelques astuces peuvent être utiles :

  • Ouvrir la réunion en posant des règles claires et en obtenant l'accord du groupe : un déroulé minuté et des règles de circulation de la parole. En les précisant et en obtenant le “oui” du groupe, vous serez plus fort quand vos opposants défieront ses règles et feront traîner les débats en longueur.
  • Commencer les échanges en donnant la parole aux alliés. Pour faire basculer vos hésitants, les premières réactions sont d'une importance capitale. Si vous ne cadrez pas les échanges, les opposants vont se saisir de la parole et positionneront le débat sur un ton contestataire. Pourquoi ne pas proposer un tour de table qui, astucieusement, commencerait par deux de vos alliés les plus crédibles ? 
  • Donner un coup d'avance à vos alliés : allez voir vos meilleurs soutiens avant le début de la réunion pour leur donner la primeur de l'information et leur préciser ce que vous attendez d'eux. Vous n'obtiendrez rien de vos alliés si vous ne leur demandez pas avant. De plus, ils seront heureux d'avoir ce signe de confiance que vous leur manifesterez ainsi.

 


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